Precipient

Kafka7

(lrdg 046, cassette 100 exemplaires)




Imaginons que Max Brod ait finalement respecté les instructions de son ami Franz Kafka, celui-ci resterait essentiellement comme l'employé d'une compagnie d'assurance ayant accessoirement publié quelques courts récits étranges comme La métamorphose. Cette KAFK7 devient l'espace d'une uchronie où, bien qu'amputé de son œuvre, la figure de Kafka est physiquement travaillée par l'écriture au point de fusionner avec elle sur le terrain du son, situation amusante lorsqu'on sait qu'il souffrait du bruit et que la musique était le seul de tous les arts qu'il passait sous silence.

 

Selon Marthe Robert, le personnage kafkaïen est « obtenu par soustraction de la plupart des données que le roman détaille à plaisir autour de ces êtres fictifs, donc sans traits physiques distinctifs et moralement sans qualités, il fascine uniquement par les lacunes inexplicables de sa définition. »

Les échanges sonores épistolaires avec Eric G. se sont cristallisés autour du synthétiseur pour dessiner les contours de notre personnage Kafka dont on peut dire qu'il a été conçu par synthèse soustractive...

La vie de Kafka se divisait entre le temps consacré au travail (le matin), une période de sommeil (l'après-midi), et les nuits d'écriture. Mais, ainsi qu'insomniaque il rêvait beaucoup, ces espaces pouvaient déborder les uns sur les autres, s'interpénétrer. Les frappes de la machine à écrire, son d'ancrage à l'univers supposé du bureau, se doublent d'autres signaux frustes, amniotiques ou bruts, le tintement de la petite clochette n'annonce pas le retour du chariot mais alerte de sa dérobade et de sa dérive sur la toile de fond d'une Prague fantasmatique, aussi imaginaire que l'était l'Amérique de Kafka. Cette ponctuation dépaysée ainsi que d'autres détails sonores ou d'hypothétiques hallucinations auditives auxquelles il était d'ailleurs sujet articulent la charnière entre deux écritures, celle du travail aliénant et celle de la création obsessionnelle.

 

Face A :

 

J-F Magre : synthétiseurs, percussions, guitare

Triboulet : machine à écrire

 

 

Face B :

 

J-F Magre : synthétiseurs, percussions, guitare, senza

Triboulet : synthétiseurs, voix, machine à écrire

 

 

réalisation : automne 2022

 

álom = rêve en hongrois